samedi 24 mars 2007

Non, c'est non !

PAUL MARIE COUTEAUX

Conseiller politique de Philippe de VILLIERS,

Député français au Parlement Européen


Toute l'Europe a compris ce qui se passe en France. Beaucoup s'étonnent par exemple que, bien que ce soit les Français qui aient bloqué le processus constitutionnel, ce soit aussi les ministres français qui se montrent depuis des mois les plus acharnés à sa relance, aux côtés de l'Allemagne, et que même, très loin du pays réel, le système oligarchique français - ce que l'on ne peut plus qu'à peine appeler le pays légal - s'est arrangé pour faire de l'élection présidentielle une sorte de revanche du référendum en présélectionnant des grands candidats dont ils espèrent que le vainqueur final, tout frais élu, dira oui à la place des Français quand bien même passerait-il par la voie de la ratification parlementaire ou d'un référendum dont on nous dit qu'il n'aurait plus qu'une valeur consultative (sic !). Bref, les innombrables opposants à la "Constitution" dans toute l'Europe sont inquiets et même révoltés : pour eux la France par son "non" retentissant du 29 mai avait mis un coup d'arrêt au processus constitutionnel qui sacralisait la supranationalité et elle s'affirmait comme un môle de résistance solide pour reconquérir un jour le droit des nations. Or voici que ses officiels la trahissent et que, le coeur français étant circonvenu, il serait facile "d'avaler" ensuite la résistance hollandaise et d'imposer à toute l'Europe le texte incriminé.

Dans une lettre ouverte, les députés du groupe Indépendance et Démocratie du Parlement européen s'adressent ainsi aux Français : "Le 29 mai 2005 nous avons retrouvé la France que nous aimons, la France qui veut continuer à vivre et à délivrer son message de liberté et d'espoir, celui de la véritable Europe. Si le 30 mai 2005, aucun grand média étranger n'osa vous dire merci, les peuples dans leur majorité l'ont fait de tout leur coeur... Sachez que bien d'autres peuples auraient suivi leur exemple s'ils en avaient eu la liberté : Britanniques, Polonais, Allemands, Danois, Suédois auraient, d'après les sondages d'opinion, rejeté à une large majorité le projet de Constitution". Et de conclure : "Aujourd'hui, on essaie une nouvelle fois de vous berner, comme les Danois et les Irlandais l'ont été en 1993 et 2002 avec les seconds référendums. Certains veulent même faire adopter par votre Parlement une Constitution abrégée, sous le nom de mini-traité ou de traité fondamental, sans toutefois en modifier le fond. Et ce fond, c'est un transfert massif des compétences, détenues aujourd'hui par les électeurs, aux officines de Bruxelles (...) Ceux que vous allez mandater lors de vos élections du printemps 2007 sont ceux qui demain auront la charge de restaurer votre souveraineté ou de la transférer irrévocablement à Bruxelles".

Dans la même lettre, ces dizaines de députés européens, représentant neuf nations, annoncent l'intention de s'associer à une grande campagne de mobilisation pour faire respecter le "non" français. Cette campagne intitulée "Non, c'est non !" doit être menée avec l'aide de tous les souverainistes qui seront chargés de diffuser des cartons rouges intitulés "Chers élus, ne dites pas oui à notre place, non, c'est non", et qu'ils devront adresser ou faire adresser à leur député ainsi qu'aux candidats aux élections présidentielles et législatives. Dans un premier temps, 300 000 cartons sont imprimés aujourd'hui même, la campagne étant annoncée. A la veille du sommet de Berlin du 25 mars prochain, lequel doit célébrer à grands renforts de cymbales et de flonflons le cinquantième anniversaire du Traité de Rome - ce Traité qui a de longue date engagé la mécanique supranationale, survolté depuis la réunification allemande par les Traité de Maastricht et d'Amsterdam et désormais le projet de Constitution. On trouvera tous les détails de cette campagne "Non, c'est non !", dont le maître d'oeuvre est Christophe Beaudouin, permanent du groupe Indépendance et Démocratie, dans le numéro spécial que La Lettre de L'Indépendance publie vendredi 23 mars à l'occasion du demi-siècle de la grande entreprise fédérale qui entend broyer les nations et avec elles les peuples, et les droits politiques, économiques, sociaux, éducatifs et culturels qu'ils ont conquis dans le cadre national qui est celui-là même de la démocratie.

Nous revoici donc partis sur le chemin de la lutte pour la souveraineté des nations d'Europe, avec l'aide des très nombreux Européens qui attendent que la France soit fidèle à l'image d'indépendance et de liberté des peuples qu'ils persistent à voir en elle. Il va sans dire que c'est aussi le premier thème de la campagne des souverainistes et de leur candidat Philippe de Villiers - ces souverainistes qui, parce qu'ils sont les seuls à croire en la souveraineté nationale et populaire, et par là à la légitimité et à l'autorité politique, sont bien les seuls dignes de diriger, ou plutôt de restaurer la République française.

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