samedi 3 mars 2007

Faire respecter notre NON face au système ! - Edito de Paul-Marie Coûteaux

Paul-Marie COÛTEAUX
Conseiller politique de Philippe de VILLIERS,
Député européen.

Mardi 27 février, Bruxelles : Rencontré ce matin, à la buvette du Parlement européen deux collègues français, un PS, un UMP que par charité je ne nomme pas. Le premier me lance : "Vous n'aurez pas vos signatures, et JM. Le Pen ou Dupont-Aignan pas davantage. C'est désolant, mais les maires sont tellement lassés par les requêtes des uns et les pressions des autres que même certains élus socialistes refusent de parrainer Ségolène!" Ayant encore l'humeur à sourire, je propose en boutade une nouvelle révision constitutionnelle interdisant la candidature de quiconque s'est prononcé pour le "non" : on éliminerait ainsi le risque de voir élu un Président de la République qui prendrait la souveraineté nationale, donc la République, au sérieux. Intervient alors le député UMP, goguenard : " De toutes façons, vous ne faites que quelques pourcents, cela ne change pas grand chose..." Ainsi, pour cet élu UMP, 55 % des Français "ne change pas grand chose" ! Un peu gêné, il conclut : il y aura au moins deux candidats du "non" : Buffet et Laguiller !".

Il faut ronger son frein, se convaincre qu'il y a tant de bonnes volontés, à travers tous les départements de France, que Philippe de Villiers aura, lui au moins, les signatures requises. Mais comment se satisfaire de ce constat : il se trouve des élus pour envisager froidement que 20 à 25 % du corps électoral français (toutes les études sur le 29 mai démontrant que les "non" se répartissaient à égalité entre droite et gauche) n'ait aucun représentant à l'élection présidentielle. Encore ces candidats sont-ils systématiquement placés en situation d'infériorité par rapport aux deux ou trois personnalités bien aimées du Système, assurées de leurs parrainages, et prêtes à dire "oui" là où les Français ont dit Non -un Non pourtant emblématique et majeur, qui, à travers la dérive de l'Union européenne, a justement refusé le dessaisissement de la démocratie. En somme, c'est le coup d'Etat permanent.

De cela, il faut tirer les conséquences : le Président de la République que nous allons élire a pour fonction d'incarner l'unité de la nation, de protéger sa souveraineté, d'assurer le bon fonctionnement des services publics, en un mot de garantir l'autorité de l'Etat, par là du Bien commun, par là de la paix civile. Ces missions, il ne peut les remplir qu'à une seule condition: qu'il dispose d'une légitimité populaire forte, condition de toute action publique. Qu'elle vienne à disparaître, et c'est le corps social tout entier qui se délite. Or, la légitimité, procédant toute entière de l'élection au suffrage universel, est bien plus fragile qu'on ne le croit. Si le suffrage n'était plus universel parce que s'en trouverait d'emblée exclu le quart de l'électorat, ou si les abstentionnistes représentaient la plus grande partie des quelque 47 millions de Français en âge de voter, on peut être alors certain que le quinquennat ouvert en mai achèverait la République, la légitimité entrant dans une sorte de déliquescence en spirale, d'où pourrait surgir n'importe quelle violence, n'importe quel tremblement de terre. Tel est l'enjeu de l'incroyable partie qui se joue en ce mois de mars : le respect de l'électeur, ou le chaos.

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